Saviez-vous que les minières canadiennes doivent planifier la fermeture d’une mine avant même le début de la production? Incluant la description de la façon dont la terre, l’eau et même les ressources culturelles seront restaurées, ce processus appelé « restauration minière » est au cœur du travail de la stagiaire Mitacs Accélération Krystal Isbister, une candidate au doctorat du Département des ressources renouvelables de l’Université de l’Alberta (U of A).
Avant d’amorcer ses études doctorales cette année, cette native de Whitehorse au Yukon exploitait sa propre entreprise de consultation spécialisée en services de végétalisation. Elle travaillait avec plusieurs clients sur la revégétalisation minière et avait l’impression qu’on manquait de connaissances ou d’exemples de techniques efficaces pour que les entreprises puissent prendre des décisions éclairées.
Son parcours l’a donc menée de consultante à étudiante des cycles supérieurs.
« Nous nous améliorions pour faire pousser des plantes nordiques, mais nous n’avions aucune voie claire de tracée », explique Krystal Isbister. « Le Dr Guillaume Nielsen, un associé de recherche à l’Université du Yukon m’a approchée à la fin de 2018 avec des questions semblables. Il élaborait et est maintenant titulaire de la chaire du CRSNG sur la restauration des sites miniers nordiques en partenariat avec sept minières ayant des projets au Yukon. Ils ont aussi identifié que le manque de techniques de revégétalisation constitue un défi important. »
Les entreprises sont collectivement organisées dans le cadre du Yukon Mining Research Consortium. Newmont est le principal soutien du projet de recherche de la stagiaire et d’autres membres du consortium comprennent : Alexco Resource Corp., BMC Minerals Ltd., Casino Mining Corp., Minto Explorations, Selwyn Chihong Mining Ltd. et Victoria Gold Corp.
La majorité de la recherche de doctorat de quatre ans de Krystal Isbister est fondée sur le site d’exploration Coffee de Newmont au centre du Yukon, qui est l’emplacement proposé d’une future mine. Elle participe à des discussions avec des Premières Nations voisines depuis novembre 2019 pour inclure leurs besoins dans le projet et s’assurer que la recherche est pertinente et utile pour les communautés.
Elle élabore actuellement des ententes de recherche, un élément essentiel, car le territoire et les routes d’accès pour la mine proposée et des voies d’accès sont dans des régions culturellement importantes de la Première Nation des Na-Cho Nyäk Dun, de la Première Nation de Selkirk, de la Première Nation des Tr’ondëk Hwëch’in et de la Première Nation de White River. Les discussions impliquent aussi la communauté de la ville voisine de Dawson City.
Approche communautaire à la revégétalisation minière
La recherche de Krystal Isbister commencera par l’exploration collaborative des objectifs de restauration et la définition d’un projet « réussi » pour la communauté locale. Elle facilitera par la suite le partage de connaissances entre des experts locaux, traditionnels et scientifiques afin de choisir des espèces pour les expériences de revégétalisation.
À une plus grande échelle, sa recherche fournira une compréhension plus holistique de ce qu’est une restauration réussie pour les communautés yukonnaises et aidera les entreprises à concevoir des plans qui répondent aux attentes locales.
« Les objectifs de restauration sont souvent considérés comme des questions techniques et nous nous attendons à ce que “réussie” signifie beaucoup plus que des indicateurs écologiques comme la couverture végétale », explique-t-elle. « Sur le terrain, le partage de connaissances locales, traditionnelles et scientifiques améliorera notre compréhension de la façon d’atteindre des objectifs de revégétalisation dans la recherche terrain. »
Newmont reconnaît la valeur de soutenir de la recherche sur la végétation yukonnaise. « Nous sommes enthousiastes à l’idée de travailler avec des scientifiques et des chercheurs ainsi que les communautés locales pour explorer des approches innovatrices à la restauration minière. Alors que Coffee est encore un site d’exploration, nous voulons démontrer à nos partenaires des Premières Nations, aux autorités réglementaires et aux autres que de meilleurs résultats de revégétalisation peuvent être atteints grâce à de la recherche scientifique qui inclut la participation communautaire », affirme la gestionnaire de la viabilité et des relations externes du projet Coffee, Jennie Gjertsen.
Les techniques proposées sont conçues pour maximiser l’utilisation de ressources locales, soit les personnes, les plantes et la neige, et pourraient vraisemblablement être réalisées à l’aide de plantes obtenues localement. Si le projet est un succès, ces techniques pourraient être transférables à d’autres sites perturbés tels que les mines de placers, qui sont répandues au Yukon.
En raison du processus de recherche communautaire, l’équipe s’attend à développer des relations entre tous les partenaires et à améliorer la capacité de collaborer à l’avenir. La recherche fournira aussi des occasions d’emploi pour des étudiants à l’Université du Yukon et des résidents de la région.
Bien que le projet n’en soit qu’à ses débuts, ses résultats suscitent déjà l’intérêt d’entrepreneurs yukonnais qui souhaitent créer une pépinière pour la restauration minière.
La doctorante ajoute : « J’espère que ce projet soutiendra les aspirations des communautés à développer des intérêts par rapport à la revégétalisation pour les transformer en occasions économiques ou éducatives. »
Il faut un village
Krystal Isbister ne sera pas seule dans cette initiative. De façon réellement coopérative, une équipe de chercheurs postsecondaires hautement qualifiés soutient son travail.
« Je suis très chanceuse d’avoir du soutien en supervision des chercheurs Simon Landhäusser et Liza Piper de l’Université de l’Alberta. Comme équipe, ils ont l’expérience d’étudier tant les aspects sociaux qu’écologiques de la revégétalisation minière dans le Nord du Canada », soutient-elle.
La recherche du professeur Landhäusser cible le développement de stratégies et de techniques innovatrices pour le rétablissement de forêts sur les terres où il y a eu des mines de surface. Liza Piper qui est aussi professeure superviseure guide la recherche de la doctorante en ce qui a trait à l’implication communautaire et au partenariat avec les communautés des Premières Nations et leurs connaissances traditionnelles régionales.
La stagiaire ajoute que Mitacs a été un autre partenaire important dans le projet, non seulement pour son appui financier, mais aussi grâce à la perspective unique qu’il a apportée au projet. « Je crois que l’expertise fournie par l’équipe de Mitacs sur la mise en œuvre de partenariats de recherche entre le secteur privé et la communauté sera aussi bénéfique. »
Son superviseur est d’accord. « Cette bourse permet à Krystal de réaliser son rêve de faire de la recherche nordique qui pourrait avoir une influence profonde sur les politiques et l’application de la restauration dans les climats et les communautés nordiques », dit Simon Landhäusser.
Krystal Isbister termine en disant : « Je suis très chanceuse de pouvoir faire de la recherche sur un sujet important et pertinent pour moi et les communautés qui me tiennent à cœur. J’espère que par l’entremise du processus de recherche, d’autres Yukonnais seront intéressés et acquerront des compétences et la confiance de poursuivre leur implication dans la recherche et dans l’industrie minière. »
Les programmes de Mitacs sont financés par plusieurs partenaires à travers le Canada. Nous remercions le gouvernement du Canada, le gouvernement de l’Alberta, le gouvernement de la Colombie-Britannique, Research Manitoba, le gouvernement du Nouveau-Brunswick, le gouvernement de Nouvelle-Écosse, le gouvernement de l’Ontario, Innovation PEI, le gouvernement du Québec, le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies, le gouvernement de la Saskatchewan, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, et le gouvernement du Yukon de nous aider à favoriser l’innovation et la croissance économique partout au pays.
Avez-vous un défi d’affaires qui pourrait bénéficier d’une solution de recherche? Si tel est le cas, contactez Mitacs aujourd’hui pour discuter d’occasions de partenariat : BD@mitacs.ca.
Photo de Bonnie Burns.