La collaboration et les partenariats stratégiques sont essentiels pour améliorer les résultats économiques.
C’est une question de survie
Dans son livre à succès, Sapiens, Yuval Noah Harari affirme que le concept, apparemment simple, selon lequel de grands groupes d’Homo sapiens (nous) se réunissent autour d’histoires et d’idées communes pourrait avoir joué un rôle primordial dans la survie de notre espèce. Travailler de manière collaborative permet encore aujourd’hui d’atteindre le succès. Il faut des milliers de personnes, complètement étrangères les unes aux autres le plus souvent, pour construire un avion commercial et s’assurer de son exploitation par la suite. Le fruit de leur collaboration est évident : nous pouvons voyager entre Paris et Toronto en seulement huit heures!
Vive les prix Nobel partagés
Les prix Nobel de physique, de chimie et de physiologie ont très rarement été attribués à une seule personne depuis le début des années 50, ce qui prouve que les avancées scientifiques majeures nécessitent des équipes de collaborateurs toujours plus grandes. Alors que les différentes disciplines scientifiques sont de plus en plus imbriquées et collaboratives, la nécessité pour les entreprises de nouer des partenariats encore plus étroits avec le milieu postsecondaire s’impose de manière d’autant plus évidente. En établissant ces partenariats, en particulier ceux à long terme, les entreprises peuvent accéder à du talent et obtenir des résultats en matière de recherche de pointe. Plus important encore, elles peuvent lancer les premières étapes de recherche dans des domaines qui les intéressent. En se positionnant en tant qu’intermédiaire entre le milieu postsecondaire et l’industrie, les chercheurs, en particulier les plus jeunes d’entre eux animés par leur flot continu de nouvelles idées, peuvent encourager une culture de l’innovation au sein de leurs entreprises partenaires afin de les aider à être plus productives.
La productivité, c’est la clé
La productivité est primordiale pour garantir la prospérité à long terme des entreprises. Le PIB, qui permet de mesurer les progrès économiques en lien avec plusieurs indicateurs de qualité de vie, est directement lié à la productivité :
PIB par habitant = productivité de la main-d’œuvre (PIB par travailleur) x taux d’emploi
La productivité de la main-d’œuvre est souvent décomposée en trois facteurs de contribution : les compétences de la main-d’œuvre, les investissements de capitaux et la « productivité multifactorielle » (PMF). La PMF inclut principalement l’innovation en matière de combinaison d’idées, de compétences, de capitaux et d’autres ressources en vue de garantir le succès.
Depuis le milieu des années 80, la productivité de la main-d’œuvre au Canada en pourcentage de celle des États-Unis a décliné rapidement. Grâce à de meilleurs taux d’emploi au Canada, notre PIB par habitant s’est maintenu à un niveau élevé, mais cet indicateur commence lui aussi à baisser. Il est donc temps de stimuler la productivité de notre main-d’œuvre, ce qui passe par l’innovation. Les entreprises canadiennes ont principalement acquis de l’innovation en provenance des États-Unis et malgré une croissance soutenue des profits, leurs investissements dans l’innovation par rapport au PIB ont diminué depuis 2001, alors qu’ils ont en moyenne augmenté dans les pays de l’OCDE.
Les politiques d’innovation traditionnelles soutiennent la recherche et la formation postsecondaires afin de développer des idées et de former du personnel qualifié qui peut ensuite contribuer à diffuser ces idées novatrices sur le marché (le modèle « push »). Au vu de nos tendances historiques en matière de productivité et d’investissements des entreprises dans l’innovation, il semble nécessaire d’adopter davantage de mesures axées sur la demande afin de se concentrer sur les besoins du marché et les innovations menées par les entreprises pour compléter l’approche traditionnelle (le modèle « pull »). De plus, dans des domaines de technologie de pointe (comme l’IA), une démarche « push and pull » solide permettra d’appuyer des partenariats très étroits entre l’industrie et le milieu postsecondaire ainsi qu’un flot continu d’idées. Le modèle « push » contribue à préparer les entreprises à adopter des innovations de pointe, tandis que le modèle « pull » fournit des incitations du marché afin d’encourager plus d’investissements dans la R-D.
C’est une question de survie
Alors que le besoin de s’associer et d’innover s’est accru au cours des dernières années, l’apparition de la crise de la COVID-19 a poussé de nombreuses entreprises canadiennes à s’adapter et à réagir rapidement. Par exemple, des partenariats entre des établissements d’enseignement, des entreprises et des organismes sans but lucratif ont permis à Myant de rapidement modifier sa technologie et sa chaîne de fabrication en réponse à la pandémie. Ses solutions de textiles intelligents sont désormais utilisées pour suivre des patients à distance, tandis que ses capacités matérielles sont mises à profit pour fabriquer des masques innovants contre le virus. Une autre entreprise, Cyclica, en partenariat avec des chercheurs de l’Institut Vecteur et de l’Université de Toronto, exploite sa technologie brevetée d’IA afin d’accélérer le repositionnement de médicaments contre la COVID-19.
Comme au début de notre temps, il semblerait que nous devions aujourd’hui nous unir en tant qu’espèce dans ce combat pour la survie.