Mitacsien un jour, Mitacsien toujours

Par Sambhavi Chandrashekar
En 2010, lors d’une journée froide de janvier, je regardais nonchalamment un courriel que j’avais reçu sur mon compte étudiant de l’Université de Toronto. C’était au sujet de la bourse postdoctorale Mitacs Élévation et se lisait comme suit : « MITACS Élévation est un nouveau programme pilote conçu pour s’assurer que les titulaires d’un doctorat, qui sont parmi les personnes les plus qualifiées restent au Canada et soient bien préparés pour leur carrière. »
Je me suis rassise lorsque j’ai lu l’extrait décrivant le programme de stages industriels qui cible « les titulaires de doctorat qui mènent des recherches avec leur superviseur universitaire en collaboration avec une entreprise partenaire en Ontario. » Mon esprit d’affaires s’est enflammé : quel excellent moyen de faire le pont entre le secteur universitaire et le secteur privé!
Lorsque j’ai commencé un programme de doctorat à l’âge de 50 ans, on m’a dit que ma passion pour l’apprentissage n’aurait pas une grande valeur économique. Mais lorsque j’ai lu ce courriel, je me suis emballée : « J’ai enfin l’occasion de leur prouver qu’ils ont tort! » Comme il ne me restait que six mois avant de défendre ma thèse de doctorat, je me suis dépêchée de présenter ma candidature. À la fin de l’année, j’avais terminé mon doctorat et je faisais partie de la première cohorte de chercheurs postdoctoraux Élévation. Je travaillais avec une entreprise partenaire dont le propriétaire est aveugle, sur un projet visant à créer un appareil de navigation mobile destiné aux piétons aveugles. Le stage était ma première expérience en entrepreneuriat social qui marquait une symbiose entre la coupure qui semble exister entre le secteur universitaire et le secteur privé.
Comme tout premier-né, notre cohorte a été dorlotée par Mitacs. L’aide financière, les nombreuses activités de réseautage, les cours en entrepreneuriat offerts au MaRS et les ateliers de formation Étapes nous ont fait sentir que nous avions le pouvoir illimité de changer le monde. Je voulais faire croître la jeune entreprise sociale que j’avais lancée pendant mon doctorat. Cependant, un emploi m’attendait dans le milieu universitaire, et, quelques mois après avoir terminé le stage, j’ai commencé à enseigner et à superviser la recherche d’étudiants du programme de conception inclusive inscrits à la maîtrise en design de l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario (OCAD). Les années suivantes ont été complètement enrichissantes et réjouissantes surtout grâce au Prix pour l’excellence dans l’enseignement qu’on m’a décerné en 2016. Cependant, faire le pont entre le secteur universitaire et le secteur privé demeurait une passion dominante.
Une façon de faire était de promouvoir Mitacs à l’université. De 2013 à 2016, j’ai permis à 15 étudiants de mon programme de réaliser des projets financés par Mitacs. J’étais la chercheure principale dans plus de la moitié d’entre eux. Neuf étudiants ont pris part à deux projets Accélération réalisés en collaboration avec Bridgepoint Health et Sickkids Hospital, trois ont effectué des projets Accélération dans le secteur commercial, et trois autres se sont rendus en Chine et en Inde pour mener à bien des projets dans le cadre de Globalink. Conformément à ma passion pour les collaborations entre le secteur universitaire et le secteur privé, certains de ces projets consistaient à appliquer la recherche des étudiants aux besoins des entreprises.
Récemment, Mitacs m’a invité à me joindre à d’autres experts pour une séance de questions et réponses dans le cadre d’une formation destinée à la cohorte actuelle du programme Élévation. J’ai été ravie de constater que deux des autres experts du groupe étaient d’anciens stagiaires de la première cohorte d’Élévation. Avant l’événement, nous nous sommes rapidement remis à jour relativement à notre vie après Mitacs et avons constaté que, parmi le groupe, deux travaillaient toujours dans le secteur universitaire tandis que notre autre collègue avait poursuivi sa carrière dans le secteur privé. Cependant, nos trois histoires représentent la simple réalité : nous avons tous les pieds bien ancrés dans les deux secteurs.
J’en ai même fait part à un des participants qui m’a posé la question suivante : « Qu’est-ce que je devrais faire à la fin de mon stage Élévation? Travailler dans le secteur universitaire ou privé? » J’ai simplement répondu : « Cela n’a pas vraiment d’importance. En tant que Mitacsien, on fait toujours partie des deux mondes. Et les Mitacsiens authentiques trouvent toujours le moyen de faire le pont entre les deux de manière créative et innovatrice. » C’est l’esprit de Mitacs. Et c’est très sensé sur le plan économique.
Sambhavi Chandrashekar est une professeure auxiliaire à l’OCAD à Toronto, en Ontario. Elle se spécialise dans la recherche, les services-conseils ainsi que l’éducation sur l’accessibilité et l’inclusion par les technologies numériques. Pour obtenir plus d’information sur le travail de Sambhavi, consultez son site Web.