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Il est difficile d’imaginer un avenir technologique qui ne soit pas alimenté par l’IA. Alors pourquoi les PME canadiennes tardent-elles à l’adopter?
C’était le thème central de la conférence Collision qui s’est tenue cette année à Toronto et à laquelle ont participé plus de 37 000 personnes venues de 117 pays pour discuter des dernières avancées en matière d’intelligence artificielle et de technologie. Voici d’autres questions que vous pourriez vous poser en tant que propriétaire d’une petite entreprise ou innovatrice ou innovateur social, ainsi que des informations clés provenant du secteur de l’IA.
Pour certains et certaines spécialistes de l’IA, la complexité de l’adoption de l’IA à grande échelle va au-delà des mesures de rendement, car elles posent d’importants défis pour l’avenir de l’humanité.
Selon Geoffrey Hinton, pionnier de l’IA et lauréat du prix A.M. Turing 2018 (alias le prix Nobel de l’informatique), il s’agit d’une arme à double tranchant.
« Il en sera de même pour les agents de l’IA », explique M. Hinton. « Ils se rendront compte que le même sous-objectif fonctionne pour tout : Si j’obtiens plus de contrôle, je n’ai qu’à éliminer le contrôle des personnes. »
L’existence même des agents d’intelligence artificielle peut sembler sortir tout droit de La Matrice. Toutefois, nous sommes déjà en train de les concevoir et ils font des vagues comme nous le savons, mais pas pour les mêmes raisons. Lors de la deuxième journée de Collision, nous avons écouté Matt Wood, vice-président de l’IA chez Amazon Web Services, qui a décrit les systèmes multiagents comme des « systèmes de travail et de jeu de plus en plus collaboratifs ».
Selon M. Wood, le plus grand défi pour les entreprises est de trouver le bon moment pour investir dans cette occasion unique.
Vice-président de l’IA, Amazon Web Services
Cela nécessite la collaboration, le consentement et la diversité des points de vue qui peuvent garantir que l’avenir que nous construisons sert à tout le monde, à l’intérieur et à l’extérieur de l’écosystème de l’innovation.
Cela inclut les petits acteurs qui ont de grandes idées.
Directrice exécutive et fondatrice, Partnership for Inclusive Innovation
C’est essentiel pour toute entreprise qui envisage d’utiliser l’IA pour demeurer concurrentielle. Face aux préoccupations croissantes concernant la désinformation, la confidentialité des données et la cybersécurité, de nombreux innovateurs et de nombreuses innovatrices se demandent comment aller de l’avant sans ignorer cette technologie d’avant-garde.
C’est une question complexe, mais qui n’est pas sans réponse.
Par exemple, l’un des moyens de lutter contre la désinformation consiste à « inoculer » le public en introduisant des avis de non-responsabilité à la fin des messages erronés. Voici comment Geoffrey Hinton le décrit. « Payez pour un grand nombre de publicités dans lesquelles vous présentez une fausse vidéo très convaincante. Puis à la fin de la vidéo, il est écrit : Il s’agit d’une fausse vidéo. […] C’est comme une inoculation pour que les gens puissent développer une résistance. »
En d’autres termes, il est temps de sortir des sentiers battus.
Comme les grands modèles de langage comme ChatGPT deviennent de plus en plus performants, ils deviennent plus attrayants et plus commercialisables auprès du public. Toutefois, s’agit-il d’un simple battage médiatique, semblable au théâtre de l’innovation, ou peuvent-ils réellement créer un environnement propice à la productivité humaine?
Selon une étude publiée par la Harvard Business School, MIT et UPenn :
Pourtant, la réalité est que 73 % des entreprises au Canada, soit près de 3 sur 4 entreprises, n’ont même pas envisagé de l’utiliser. Cela s’explique en grande partie par les préoccupations en matière de sécurité, l’ambiguïté de la réglementation et le défi colossal que représente la navigation d’un domaine imprégné de controverse, d’intrigue, de scepticisme et d’admiration.
Il y a aussi un problème majeur, soit la possibilité de licenciements massifs résultant de l’automatisation grâce à l’IA.
Mais tout n’est pas noir, selon Aidan Gomez, PDG et fondateur de Cohere, une jeune pousse d’IA basée à Toronto qui vient d’obtenir 450 millions de dollars pour une valorisation de 5,5 milliards de dollars. « Je crois beaucoup à l’augmentation et non au déplacement, donc je ne prévois pas que des gens perdent leur emploi », a rassuré M. Gomez lors de la conférence Collision.
Selon le rapport 2024 sur l’indice des tendances au travail, les utilisateurs et utilisatrices passent 60 % de leur temps dans des applications de clavardage et de rencontre et seulement 40 % dans des applications créatives comme Word et PowerPoint. Il n’est pas surprenant que 68 % de personnes disent avoir du mal à supporter le rythme et le volume de travail, et 46 % se sentent épuisées.
Pour Michael Platt, neuroscientifique et professeur à UPenn, ces données racontent une histoire claire.
« Ces résultats correspondent parfaitement à la manière dont notre cerveau gère les compromis entre l’exécution de tâches routinières et l’innovation, deux types de pensée soutenus par deux réseaux neuronaux distincts, mais en interaction dans le cerveau. Lorsque nous passons constamment de l’un à l’autre, nous ne travaillons pas aussi bien. L’IA peut contribuer à libérer les travailleurs et travailleuses des tâches routinières et permettre à l’innovation et à la créativité de s’épanouir. »
L’étude susmentionnée du MIT et de Harvard le confirme également.
« […] Plutôt que d’adopter aveuglément les résultats de l’IA, les travailleurs et travailleuses hautement qualifié·es doivent continuer à valider l’IA et à exercer un effort cognitif et un jugement de spécialiste lors de leur travail avec l’IA. »
Dans ce cas, le secret pour stimuler la productivité consiste à donner au personnel les moyens d’expérimenter avec l’IA et à veiller à ce que le processus dans son ensemble soit centré sur l’humain.
La réponse réside dans l’évolutivité et les cas d’utilisation individuels.
Comprendre où et comment appliquer l’IA dans le contexte unique de votre entreprise pourrait débloquer la productivité, réduire considérablement les coûts et vous aider à vous préparer à un avenir où les connaissances seront évolutives.
« La langue est partout », a-t-il déclaré à propos de l’avenir des GML. « Il n’existe pas de fonction au sein de votre entreprise qui n’utilise pas le langage. »
Les cabinets de conseil prennent des notes. Récemment, Cohere a conclu des partenariats avec McKinsey et Accenture, qui prévoient construire des solutions d’IA personnalisées pour améliorer l’engagement de la clientèle, automatiser les flux de travail et fournir des capacités avancées à la clientèle.
Les résultats de ces partenariats, et d’autres partenariats similaires, se feront bientôt sentir dans l’ensemble du paysage économique.
Le Brookfield Institute for Innovation + Entrepreneurship prévoit que l’IA pourrait générer 17 000 milliards de dollars en impact économique dans le monde d’ici à 2030. Pour le Canada, on estime qu’elle contribue à hauteur de 210 milliards de dollars à l’économie. Il est clair que la technologie est enracinée et qu’elle ouvre de nouvelles portes en matière de collaboration.
À une époque de désinformation croissante, il est essentiel de séparer les faits de l’IA de la fiction et de bien penser à la mise en œuvre de changements qui auront un impact sur le monde.
C’est là qu’intervient l’expertise en IA centrée sur l’humain.
Conseillère en IA, Mitacs
Le moment est venu de rendre l’innovation accessible à un plus grand nombre de personnes dans un plus grand nombre d’endroits, dont les petites et moyennes entreprises de secteurs de niche, les femmes fondatrices et les entrepreneur·es autochtones. Toutefois, pour y parvenir, nous aurons besoin d’alliances plus solides et d’une vision commune de l’avenir.
Cela signifie qu’il faut s’associer aux bonnes personnes qui peuvent offrir à la fois une perspective stratégique et un investissement pour construire et poursuivre cette vision centrée sur l’humain, un sentiment repris par Gomez lui-même.
L’incertitude n’est pas étrangère aux innovateurs et innovatrices de petites entreprises. En fait, c’est un monde dans lequel ils et elles vivent constamment. La grande crainte n’est donc pas l’adoption des technologies, mais la montée des oligopoles et les dérapages.
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