Rapport

Application conviviale pour évaluer l’autisme

Une nouvelle application pour les jeunes autistes aide à mesurer et à comprendre le trouble

Le trouble du spectre de l’autisme fait référence à un large éventail de conditions caractérisées par des défis avec les compétences sociales, les comportements répétitifs, la parole et la communication non verbale. Ce trouble autrefois mal compris affecte un large éventail de compétences et de comportements en communication.

Selon l’Agence de la santé publique du Canada, un enfant canadien sur 66 a reçu un diagnostic d’autisme.

Pour les personnes ayant reçu un diagnostic d’autisme et leurs familles, les capacités sociales ont un impact sur les relations et les expériences quotidiennes. Mais il s’est avéré difficile de mesurer les limites de l’interaction sociale. M. Forgeot D’arc et son stagiaire Mitacs Globalink, Ouarda Fenek , stagiaire de recherche Mitacs Globalink en visite qui étudie la science des données dans le cadre d’un programme d’informatique à l’Université Pierre et Marie Curie Paris, en France, relèvent ce défi en quantifiant et en qualifiant les théories à l’aide d’une application.

Ils s’efforcent de comprendre le point de vue de la personne autiste et de fournir une évaluation numérique de la gravité de son état.

« Nous voulons être en mesure d’imiter un aspect fondamental de l’interaction naturelle, tout en obtenant une situation standard pour mesurer les paramètres cognitifs de la personne. La mesure de la fonction cognitive est un point de départ pour plusieurs choses en médecine ; il améliore les interventions et prédit les résultats », explique le Dr Forgeot d’Arc.

Il fait progresser à la fois une compréhension de l’autisme et de la technologie qui pourrait aider à développer de futurs programmes de soutien. Il est axé sur la mesure de l’interaction sociale à travers un jeu classique de dissimulation de penny - un test non verbal où une personne cache un penny dans l’une de ses mains, hors de vue, et l’autre personne doit deviner l’emplacement de la pièce d’un cent. Les joueurs sont placés dans des conditions sociales et non sociales pour mesurer trois indices : la performance, la sophistication des stratégies pour gagner le jeu et la flexibilité cognitive leur permettant de changer de stratégie. À partir de là, la gravité des symptômes peut être mesurée ainsi que la façon de les influencer. 

 

Des résultats précis en jouant à un jeu

Les tests utilisés pour évaluer les compétences sociales d’un individu ne se produisent pas souvent dans un environnement réaliste. Mais avec l’application BrainUs, l’individu joue directement contre un adversaire et doit établir des stratégies afin de gagner. 

« La plupart du temps, les tests évaluent les compétences sociales à l’aide de mesures subjectives, comme des questionnaires, qui reposent sur la compréhension et l’impression subjective des gens et qui sont sujettes à différents types de biais. Les seuls tests objectifs disponibles sont basés sur des situations statiques. Par exemple, on vous raconte une histoire et vous devez deviner la fin. C’est très différent de la résolution de problèmes dans la vraie vie sociale, dans laquelle vous devez continuellement prendre des décisions. Ici, nous sommes en mesure de tester l’interaction sociale en temps réel, lors d’une interaction. La technologie nous donne accès aux paramètres cognitifs des individus qui ne sont généralement pas accessibles à l’observation lors d’une interaction sociale », explique le Dr Forgeot d’Arc.

 

Relier les données à l’intervention

L’équipe apporte un élément important pour évaluer l’efficacité des éléments ou des stratégies d’un programme potentiel. Par exemple, la rétroaction fournie par la tâche pourrait être utilisée pour former des personnes et améliorer certaines stratégies cognitives.

« Auparavant, une étude réalisée auprès d’adultes autistes utilisant BrainUS nous permettait de faire correspondre 69 pour cent des participants avec leurs diagnostics », explique Ouarda. « Nous espérons montrer les mêmes résultats dans la population pédiatrique afin de valider l’application, qui peut devenir un outil de test psychologique aidant le clinicien dans sa pratique. » 

À l’avenir, « nous voulons donner une rétroaction immédiate en termes de performance, de sophistication et de stratégie aux joueurs. Nous pensons que cela pourrait motiver les patients et peut-être les aider à se remettre en question dans leurs stratégies », explique Ouarda.

 

Apporter les compétences d’analyse à de nouveaux contextes

Ouarda a travaillé sur des projets d’analyse de données, mais c’est la première fois qu’elle applique ses compétences dans une population autiste. « La combinaison des aspects sociaux et médicaux du projet a été l’un des aspects les plus attrayants pour moi. C’était aussi la première fois que j’aidais à la phase de collecte de données, donc j’étais en contact direct avec les enfants. J’aime beaucoup le fait que je sois considéré comme un étudiant international et non comme un étudiant étranger. La diversité et l’accueil que j’ai trouvé à l’Université de Montréal montrent à quel point elle est ouverte. Tout le monde était là pour fournir toutes les informations nécessaires, pour guider et aider.

« Cette expérience est certainement quelque chose qui a marqué ma vie universitaire. C’est une excellente occasion que j’ai eue de travailler dans un si grand laboratoire de recherche, surtout que j’envisage sérieusement de poursuivre des études de doctorat.

Cette étude aidera à éclairer une gamme d’autres recherches. « Les études en génétique, ainsi qu’en pharmacologie et en d’autres types d’interventions, sont actuellement limitées par notre faible capacité à mesurer la façon dont les personnes atteintes de troubles et de troubles neurodéveloppementaux diffèrent. Ce travail est un pas dans la direction de l’identification et de la mesure des mécanismes cognitifs au cœur du neurodéveloppement de l’interaction sociale », explique le Dr Forgeot d’Arc.

Ouarda reprend quelques compétences générales avec elle à son retour en France. « Je pense que les valeurs les plus importantes lorsque l’on travaille sur de grands projets sont d’être bien organisé et respectueux des horaires. En travaillant avec une équipe, je pense qu’il est vraiment important que chaque membre sache exactement ce qu’on attend d’eux, et que tous les membres communiquent bien.

Travailler au Canada a eu ses avantages : « L’un des grands aspects que j’ai aimé de travailler ici est la relation entre le superviseur et le stagiaire ; Je suis habitué à certaines relations strictes. D’après ce que je vois ici, c’est plus comme une relation de collaboration, où les idées de l’employé sont entendues et respectées.  

 


Remerciements Globalink – Été 2019

Mitacs tient à remercier le gouvernement du Canada, ainsi que le gouvernement de l’Alberta, le gouvernement de la Colombie-Britannique, Research Manitoba et le gouvernement du Québec pour leur appui à l' Stage de recherche Globalink programme. De plus, Mitacs est heureuse de travailler avec les partenaires internationaux suivants pour appuyer Globalink : Universities Australia ; le Conseil chinois des bourses d’études ; Campus France ; le Service allemand d’échanges universitaires ; le Secrétariat de l’éducation publique du Mexique, Tecnológico de Monterrey, et l’Université nationale autonome du Mexique ; et le Ministère tunisien de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et la Mission universitaire de Tunisie en Amérique du Nord.

 

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