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Alors que les défis propres au système de santé s’intensifient au Québec, les innovations technologiques et numériques s’imposent comme une évidence pour redéfinir les pratiques médicales, et promettre un avenir où les soins et services seraient plus personnalisés et accessibles à tous. Mais le déploiement de ces solutions sollicite diverses expertises en programmation, intelligence artificielle et éthique, commandant de se tourner vers des acteurs dont la mission première est de faciliter le recrutement de talents qualifiés. CScience s’entretient avec une experte de chez Mitacs, un organisme qui agit en tant que connecteur pour aider à concrétiser ces projets d’innovation.
De l’intelligence artificielle aux objets connectés, en passant par les applications optimisant la logistique, l’organisation des ressources et la prise de rendez-vous, les avancées technologiques offrent des solutions novatrices pour répondre aux défis contemporains de la santé publique. Les dossiers médicaux électroniques, par exemple, permettent une gestion plus efficace des informations patient, facilitant ainsi la coordination des soins et la prise de décisions cliniques. Les outils de télésanté et de télémédecine offrent la possibilité de consulter des professionnels de santé à distance. L’utilisation de l’intelligence artificielle dans le diagnostic et le traitement des maladies ouvre également de nouvelles perspectives, permettant des interventions plus précises et personnalisées. Autant d’exemples illustrant les retombées positives de l’innovation en santé numérique pour la réduction des délais d’attente, et la prise en charge des patients. Mais développer et mettre en place de telles initiatives n’est possible qu’en faisant appel aux bons experts, qui établiront les bases d’une saine gestion des données sensibles.
En tant qu’organisme sans but lucratif, Mitacs travaille avec les universités, les secteurs privé et public pour relever les défis de recrutement au travers de stages rémunérés. Son financement étant assuré, entre autres, par les gouvernements du Canada et de plusieurs provinces dont celle du Québec, Mitacs établit des liens entre le milieu universitaire et l’industrie, pour favoriser la recherche de qualité et l’innovation d’un océan à l’autre, offrant plusieurs programmes de bourses et de stages étudiants au sein de l’écosystème.
Parmi les projets d’innovation impliquant Mitacs, et des partenaires comme Medteq+ et Relief, concrétisés dans le domaine de la santé numérique, on compte l’implantation d’une plateforme de télésurveillance pour les aînés vivants dans les unités de soins d’une résidence privée, et le déploiement d’un tableau de bord interactif visant à mieux soutenir la santé mentale au travail chez les personnes issues de groupes marginalisés en entreprise.
Maude Vaillancourt-Audet, conseillère séniore, Développement des affaires chez Mitacs
Dans le secteur de la santé et des milieux preneurs de nouvelles solutions technologiques, « Mitacs fait notamment affaires avec des établissements du milieu hospitalier, des PME et des OBNL qui essaient d’améliorer les pratiques de soins, mais aussi des incubateurs, qui ont chacun des spécialisations, que ce soit en développement durable, en intelligence artificielle ou encore en sciences médicales. Certains hôpitaux ont leur propre incubateur ou milieu pouvant réaliser des projets », précise Maude Vaillancourt-Audet, conseillère séniore, développement des affaires chez Mitacs, mentionnant au passage l’incubateur de santé connectée OROT, lancé par le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal et l’une de ses installations, l’Hôpital général juif (HGJ), visant à innover pour répondre à l’évolution de la démographie et des besoins médicaux des usagers des soins de santé. « Le renforcement des bonnes pratiques étant important, nous collaborons parfois avec des OBNL qui sont parties prenantes de projets visant à encourager l’adoption de meilleures habitudes auprès de la population, comme VITAM – Centre de recherche en santé durable du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale affilié à l’Université Laval. »
Dans le cadre de ses fonctions chez Mitacs – qu’elle exerce depuis trois ans maintenant -, Mme Vaillancourt-Audet a eu l’occasion de développer divers projets en collaboration avec des hôpitaux, organismes à but non lucratif et entreprises impliquées dans le secteur des soins de santé. « Il peut aussi s’agir de projets qui vont découler d’un besoin de la population et qui doivent être encadrés d’une certaine manière par les établissements de santé, ou parfois de solutions à l’interne qui peuvent être financées via Mitacs. Pensons aux longues listes de patients en attente d’une chirurgie. Il s’agira de travailler avec un professeur à l’interne, qui pourra développer un algorithme pour optimiser la gestion des horaires et opérations afin de permettre à la population d’avoir accès aux soins, ou de faire affaires avec une entreprise qui développe ce type d’application et dont la solution pourrait être propulsée vers la mise en marché dans le milieu de la santé. »
Elle rappelle les différents types de besoins découlant des projets d’innovation en santé numérique : « Il y a ceux des hôpitaux et milieux offrant des services de soins, et ceux des populations, dont certaines sont éloignées ou marginalisées. C’est évidemment interdépendant. Les innovations en santé numérique vont permettre, par exemple, de compenser certains manques de ressources ainsi que la distance, et de rendre les soins plus accessibles aux gens en région. Cela fait partie des bénéfices notoires qu’on reconnaît aux innovations en santé numérique. Pensons à l’IA, à la réalité virtuelle, etc. Il existe beaucoup de plans de traitements et thérapies en réalité virtuelle visant à améliorer les soins. Certains des projets d’études et pilotes auxquels Mitacs prend part répondent directement aux besoins de la population. »
En 2017, le regroupement des Organismes de bassins versants de Chaudière-Appalaches, en collaboration avec l’INRS-ETE et l’Université Laval, a organisé trois formations sur l’appropriation de connaissances relatives aux eaux souterraines de la région de Chaudière-Appalaches, ciblant les territoires des neuf MRC. Ces formations ont été rendues possibles grâce au financement de bourses étudiantes par Mitacs. « Nous avons collaboré avec le CISSS de Chaudière-Appalaches pour aider la population locale à maîtriser la gestion de son puits, et à disposer de ressources pour mieux se l’approprier », explique Maude Vaillancourt-Audet, illustrant l’étendue des champs d’intérêt et secteurs d’activités concernés par les projets menés en santé numérique.
Mais quels sont les profils des talents mobilisés sur de tels projets? « Ce sont souvent des étudiants, qui vont travailler en informatique ou en IA, pour aider à développer les applications. Pas seulement des talents pour déployer les produits technologiques, mais aussi des personnes qui s’y connaissent en conformité et éthique, et se consacrent à l’élaboration de politiques et protocoles en la matière. Il faut régler ces questions avant de parler de tableaux de bord et de gestion des données, à savoir comment on les traite, comment on les gère et comment on les stocke. Cela prend des experts pour y penser; des étudiants en programmation, en IA et en éthique pour permettre aux établissements de concrétiser leur projet d’innovation en santé numérique et d’optimiser leur offre de soins », soutient la conseillère séniore.
« Actuellement, on a une carte émise par chaque hôpital que l’on fréquente. Lorsque le système sera plus numérisé, ce sera beaucoup plus facile d’avoir accès aux informations clés pour le personnel de santé (…) Mitacs contribue à l’optimisation des plans d’opérations, du respect de l’éthique et de l’anonymisation des données, en tant que connecteur entre start-up qui innovent et milieux testeurs. »
– Maude Vaillancourt-Audet, conseillère séniore, Développement des affaires chez Mitacs
Bien que les politiques de gestion de données soient toujours en cours d’élaboration au Québec, la Loi sur les renseignements de santé et de services sociaux, qui donne le champ libre à la création d’un dossier de santé numérique suivant le parcours du patient, est entrée en vigueur le 1er juillet dernier. Permettant aux antécédents médicaux, historiques de consultations et autres données de santé de suivre le patient tout au long de son parcours de soins, elle vise à lui épargner le fardeau d’avoir à répéter son historique médical aux différents intervenants qu’il consulte. « Actuellement, on a une carte émise par chaque hôpital que l’on fréquente. Lorsque le système sera plus numérisé, ce sera beaucoup plus facile d’avoir accès aux informations clés pour le personnel de santé », de remarquer Mme Vaillancourt-Audet, qui confirme la participation de Mitacs à l’élaboration de politiques et codes d’éthique encadrant cette numérisation. « Dans une mesure où il faut miser sur l’accessibilité, la dépersonnalisation et la confidentialité, Mitacs mobilise les ressources et talents qui s’y consacrent. À défaut d’être impliqué dans l’élaboration du tableau de bord, Mitacs contribue à l’optimisation des plans d’opérations, du respect de l’éthique et de l’anonymisation des données, en tant que connecteur entre start-up qui innovent et milieux testeurs. De là, des projets d’études et pilotes peuvent être menés. On parle de projets en lien avec des services directement reliés aux besoins de la population, sinon de projets en santé publique. »
« Dans un contexte d’études à la maîtrise ou au doctorat, on est souvent très impliqué au sein de l’université et de son centre de recherche. Entretenant des connexions qui se concentrent dans le milieu académique, on a alors peu d’ouverture à l’extérieur », pointe l’experte de Mitacs. Participer aux programmes de stage serait donc un bon moyen pour les étudiants de développer leurs compétences interdisciplinaires, pour une expertise qui s’appliquera à un milieu réel. « C’est une première expérience qu’ils acquièrent sur le marché du travail avant d’avoir fini leurs études, ce qui rend leur profil plus compétitif. Ça leur permet aussi d’aller chercher du financement et de développer leur réseau en dehors du milieu académique. Ils ont aussi accès à des formations gratuites de Mitacs pour acquérir des compétences en matière de développement et gestion de projets, qui s’avèrent très utiles sur le marché du travail », de compléter Maude Vaillancourt-Audet.