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Septembre 2019

Une application conviviale pour mesurer l’autisme

Coup d'oeil
La stagiaire

Ouarda Fenek, Université Pierre et Marie Curie, Paris, France

Accueillie par

Baudouin Forgeot d’Arc, Psychiatre pour enfants et adolescents, CHU Sainte-Justine et CIUSSSNIM; Département de psychiatrie et d’addictologie, Université de Montréal

La recherche

Sans un test concret pour quantifier et qualifier le trouble du spectre de l’autisme (TSA), mesurer l’interaction sociale est complexe. Cette recherche cible le développement d’une mesure standardisée des paramètres cognitifs d’une personne pour améliorer les interventions et prédire les résultats des traitements.

Le programme

Département de psychiatrie et d’addictologie, Université de Montréal / L’axe Cerveau et développ[GL1] ement de l’enfant, Centre de recherche du CHU Sainte-Justine. Leurs études ont été réalisées au Centre Hospitalier Universitaire Sainte-Justine et au CIUSSS du Nord de l’Île de Montréal.

Selon l’Agence de la santé publique du Canada, un enfant canadien sur 66 reçoit un diagnostic d’autisme. Une nouvelle application pour les jeunes vivant avec l’autisme aide à mesurer et à comprendre le trouble. Ouarda, une finissante de premier cycle qui étudie la science des données à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris, France travaille avec le Dr Forgeot d’Arc cet été pour comprendre la perspective de la personne autistique et fournir une évaluation numérique de la sévérité de sa condition.

Le trouble du spectre de l’autisme renvoie à une vaste gamme de conditions caractérisées par des difficultés associées aux aptitudes sociales, aux comportements répétitifs, à la parole et à la communication non verbale. Ce trouble jadis mécompris touche une large gamme de compétences et de comportements de communication.

Selon l’Agence de la santé publique du Canada, un enfant canadien sur 66 reçoit un diagnostic d’autisme.

Pour les personnes diagnostiquées avec l’autisme et leurs familles, les habiletés sociales ont un impact sur les relations et les expériences quotidiennes. Mais mesurer les limitations en matière d’interactions sociales s’est avéré difficile. Le Dr Baudouin Forgeot d’Arc et la stagiaire de recherche Mitacs Globalink Ouarda Fenek acceptent le défi en quantifiant et en qualifiant des théories avec une application nommée BrainUs.

Ouarda, une finissante de premier cycle qui étudie la science des données à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris, France travaille avec le Dr Forgeot d’Arc cet été pour comprendre la perspective de la personne autistique et fournir une évaluation numérique de la sévérité de sa condition.

« Nous souhaitons être en mesure d’imiter des aspects fondamentaux de l’interaction naturelle tout en ayant une situation standardisée pour mesurer les paramètres cognitifs de la personne. Mesurer la fonction cognitive est un point de départ pour plusieurs choses en médecine; cela améliore les interventions et prédit les résultats », dit le Dr Forgeot d’Arc.

Cela fait progresser tant une compréhension de l’autisme que la technologie qui pourrait aider à développer de futurs programmes de soutien. Elle mesure l’interaction sociale à l’aide d’un jeuclassique avec une piè ce de monnaie — un test non verbal où une personne cache une pièce dans l’une de ses mains, à l’abri de la vue et où l’autre personne doit tenter de deviner où elle est. Les joueurs sont placés dans des situations sociales et non sociales afin de mesurer trois index : le rendement, la complexité des stratégies pour gagner la partie et la flexibilité cognitive leur permettant de changer de stratégie. À partir de là, l’ampleur des symptômes peut être mesurée ainsi que la façon de les influencer.

 

Des résultats précis en jouant un jeu

Les tests pour évaluer les compétences sociales d’une personne ont rarement lieu dans un environnement réaliste. Mais avec l’application BrainUs, la personne joue directement contre un adversaire et doit établir des stratégies pour gagner.

« La plupart du temps, les tests évaluent les compétences sociales à l’aide de mesures subjectives, comme des questionnaires, qui reposent sur la compréhension et l’impression subjective de personnes et qui sont assujettis à divers types de biais. Les seuls tests objectifs disponibles sont fondés sur des situations statiques. Par exemple, l’on vous raconte une histoire et vous devez deviner la fin. C’est très différent de la résolution de problème dans la vraie vie sociale, où vous devez continuellement prendre des décisions. Ici, nous sommes en mesure de tester l’interaction sociale en temps réel, pendant une interaction. La technologie nous donne accès aux paramètres cognitifs d’une personne qui ne peuvent pas habituellement être observés pendant une interaction sociale », dit le Dr Forgeot d ’Arc.

 

Relier les données à l’intervention

L’équipe apporte un élément important pour évaluer l’efficacité des éléments ou stratégies d’un programme potentiel. Par exemple, la rétroaction fournie par la tâche pourrait être utilisée pour former des personnes et améliorer certaines stratégies cognitives.

« Une étude réalisée auparavant avec des adultes autistes qui utilisaient BrainUs nous a permis de jumeler 69 pour cent des participants à leurs diagnostics », explique Ouarda. « Nous espérons obtenir les mêmes résultats dans la population pédiatrique afin de valider l’application, qui pourrait devenir un outil de test psychologique qui aide les cliniciens dans leurs pratiques. »

À l’avenir, « nous souhaitons donner une rétroaction immédiate aux joueurs relativement au rendement, à la complexité et à la stratégie. Nous croyons qu’elle pourrait motiver les patients et peut-être les aider à se mettre au défi dans leurs stratégies », affirme Ouarda.

 

Utiliser les compétences d’analyse dans de nouveaux contextes

Ouarda a travaillé sur des projets d’analyse de données, mais c’est la première fois qu’elle applique ses compétences à une population autiste. « Combiner les aspects sociaux et médicaux du projet était l’un des aspects les plus attirants pour moi. C’était aussi la première fois que j’ai participé à l’étape du recueil des données, j’étais donc en contact direct avec les enfants. J’aime vraiment le fait d’être perçue comme une étudiante internationale et non étrangère. La diversité et le chaleureux accueil que j’ai trouvé à l’Université de Montréal démontrent son ouverture. Tous étaient là pour me fournir l’information nécessaire, pour me guider et m’aider. »

« Cette expérience est indéniablement marquante au niveau de ma vie universitaire. C’est une opportunité que j’avais de travailler dans un laboratoire de recherche aussi grand, d’autant plus que je réfléchis sérieusement à faire des études doctorales. »

Cette étude aidera à façonner une gamme d’autres recherches. « Les études en génétique ainsi qu’en pharmacologie et d’autres types d’interventions sont actuellement limitées par notre peu de capacité à mesurer comment des personnes vivant avec des problèmes et des troubles du neurodéveloppement diffèrent. Ce travail est une étape dans la direction de l’identification et de la mesure de mécanismes cognitifs au cœur du neurodéveloppement de l’interaction sociale », dit le Dr Forgeot d’Arc.

Ouarda rapporte aussi quelques compétences générales avec elle lors de son retour en France. « Je crois que les valeurs les plus importantes lorsqu’on travaille sur de gros projets sont d’être bien organisé et de respecter les horaires. Lorsqu’on travaille avec une équipe, je crois qu’il est très important que chaque membre sache exactement ce qui est attendu d’eux et que tous les membres communiquent bien. »

Travailler au Canada a eu ses avantages, « l’un des bons aspects que j’ai aimés à propos de travailler ici est la relation entre le superviseur et le stagiaire; je suis habituée à des relations rigides. De ce que je vois ici, c’est plus comme une relation de collaboration où les idées de l’employé sont écoutées et respectées. »

 


Remerciements du programme Globalink — été 2019

Mitacs tient à remercier le gouvernement du Canada, ainsi que le gouvernement de l’Alberta, le gouvernement de la Colombie-Britannique, Research Manitoba et le gouvernement du Québec pour leur soutien au programme Stage de recherche Mitacs Globalink. De plus, Mitacs a le plaisir de travailler avec les partenaires internationaux suivants pour soutenir Globalink : Universities Australia; China Scholarship Council, Campus France, le service d’échange universitaire allemand, le secrétariat d’éducation publique du Mexique, Tecnológico de Monterrey et l’Université nationale autonome du Mexique,  ainsi que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de la Tunisie et Mission universitaire de Tunisie en Amérique du Nord.