Rapport

Utiliser une navette autonome afin de réduire l’insécurité alimentaire

En combinant innovation sociale et IA, l’étudiant travaille à améliorer la qualité de vie dans un désert alimentaire montréalais

Près du centre-ville de Montréal, le quartier de la Petite Bourgogne révèle de nombreux contrastes. Au sud, il touche le canal de Lachine, un magnifique sentier cyclable et piétonnier de 14 kilomètres qui voit des millions de visiteurs chaque année. Au nord, il est bordé par l’autoroute Ville-Marie achalandée et grise. L’une des communautés les plus multiculturelles de la ville, la Petite Bourgogne abrite des restaurants et des boutiques haut de gamme, mais aussi une population vulnérable aux prises avec l’insécurité alimentaire.

Une grande partie du quartier est considérée comme un désert alimentaire. Cela signifie que les résidents doivent parcourir plus de 500 mètres pour avoir accès à des aliments frais tels que des fruits, des légumes et de la viande. De plus, 43 % de ses plus de 10 000 résidents vivent sous le seuil de faible revenu.

En 2019, le groupe responsable de l’initiative expérimentale de Montréal Quartier de l’innovation (Qi) s’est réuni avec le professeur Ugo Lachapelle, du Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), et Benjamin Docquiere, étudiant à la maîtrise en études urbaines, pour développer une navette autonome socialement pertinente qui permettrait aux résidents de la Petite Bourgogne d’être mieux connectés aux ressources alimentaires.

Au cours d’un stage de recherche de six mois à Mitacs, Docquiere a travaillé en étroite collaboration avec la communauté et les associations alimentaires pour évaluer leurs besoins. Il s’est consacré à la planification de la trajectoire idéale pour le véhicule, qui comprenait des arrêts près des épiceries et des centres communautaires qui offrent des solutions de sécurité alimentaire.

« Avec ce projet, nous assistons à une approche innovante dans le domaine des navettes autonomes : l’objectif sociétal du projet prend le pas. Les objectifs technologiques sont en effet présents, mais ils ne sont pas le seul but du projet », explique Benjamin, qui estime que 68 pour cent de la superficie de la Petite Bourgogne constitue un désert alimentaire. Il a également dû analyser les contraintes techniques, réglementaires et économiques pour assurer l’efficacité de la route.

Les navettes autonomes sont des mini-véhicules durables guidés par l’intelligence artificielle. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas besoin d’un chauffeur. Dans un article publié par le journal francophone Le Devoir, Benjamin et Ugo ont expliqué que de tels projets se multiplient à travers le monde, mais plusieurs ne prennent pas le temps d’évaluer réellement leur pertinence sociale.

« La force de l’approche adoptée par Qi est d’acquérir une compréhension des questions individuelles et communautaires qui serviront à guider les acteurs privés dans la mise en œuvre de l’expérimentation technologique », ont-ils écrit.

Un centre d’innovation

Qi est une zone expérimentale de 3,5 km² au cœur de Montréal. Selon son directeur général Damien Silès, sa mission est d’être un centre national d’expériences urbaines. Il crée un écosystème d’innovation qui relie les secteurs public et privé, milieu postsecondaire, l’industrie et les citoyens.

C’est la combinaison de cet état d’esprit expérimental avec une orientation sociale qui les a inspirés à poursuivre le projet d’autobus autonomes. « Nous voulons humaniser l’innovation », dit Damien.

Pour lui, compter sur l’expertise académique d’Ugo et Benjamin était crucial. « Nous voulions attirer la crème de la crème pour ce projet et Mitacs nous l’a donné exactement ! », dit-il.

Il célèbre également le fait que Qi a pu contribuer au développement professionnel du stagiaire. « En travaillant avec Mitacs, nous pourrions offrir non seulement une expérience incroyable, mais aussi un bon départ à sa carrière. C’est un pont parfait.

Benjamin fait écho à cela. Dans le cadre de ce projet, il a été exposé au réseau de transport et aux défis alimentaires de Montréal. En outre, il a eu l’occasion d’élargir son réseau en discutant de ces questions et en rencontrant de nombreux représentants des secteurs privé et public.

« Les nombreuses contraintes urbaines, technologiques, juridiques et humaines ne faisaient pas à l’origine un projet idéal, mais la proactivité et la résilience mises en œuvre par l’ensemble de l’équipe de travail ont donné naissance à un projet qui a dépassé nos attentes », explique Benjamin. « La chose la plus excitante à propos de ce projet est d’avoir réussi à définir une voie viable et réalisable qui est en cours de réalisation. »

Ses contributions à l’initiative comprennent la trajectoire de la navette, ses solutions de rechange, ses arrêts et des recommandations pour les horaires de service. Dans le cadre de la prochaine étape , et dans le cadre de sa thèse de maîtrise , Benjamin travaille à la production d’un guide exploratoire pour la mise en œuvre de ce mode de transport innovant qui sert la sécurité alimentaire.

Maintenant que la phase initiale du projet est terminée, Qi espère planifier l’inauguration de la route. La navette, qui est fabriquée aux États-Unis, a déjà été commandée et devrait être livrée une fois que la situation du coronavirus se sera atténuée.


Mitacs remercie le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec de leur appui à l' Accélération stage de recherche dans cette histoire. Partout au Canada, Mitacs reçoit également l’appui du gouvernement de l’Alberta, du gouvernement de la Colombie-Britannique, de Research Manitoba, du gouvernement du Nouveau-Brunswick, du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, du gouvernement de la Nouvelle-Écosse, du gouvernement de l’Ontario, d’Innovation Î.-P.-É. et du gouvernement de la Saskatchewan.


Photo : Olli par Local Motors.


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