Hill Times Op-Ed : L’innovation est une entreprise de personnes

Au 21ème siècle, les marchés prospères sont axés sur le consommateur, les écoles très performantes sont centrées sur l’élève, des soins de santé efficaces sont centrés sur le patient et une technologie performante est centrée sur l’utilisateur. Cette orientation axée sur les personnes a rendu les compétences en sciences humaines essentielles aux programmes d’innovation des entreprises, des organismes communautaires et des gouvernements.

Les diplômés en sciences humaines sont particulièrement bien équipés pour aider les organisations à comprendre les facteurs complexes qui façonnent les besoins et le comportement humains et, par conséquent, pour stimuler le développement de nouveaux produits, services et façons de faire des affaires. Leur expertise approfondie et spécialisée, combinée à une base de compétences vastes et polyvalentes, les rend particulièrement précieux pour les organisations sur le marché mondial en évolution rapide. 

Bon nombre des compétences que ces diplômés obtiennent en étudiant des personnes d’autre et d’aujourd’hui – pensée critique, analyse, travail d’équipe – s’harmonisent avec celles que le Profil des compétences en innovation 2.0 du Conference Board du Canada considère comme indispensables à l’innovation, comme la créativité, la résolution de problèmes, l’amélioration continue, la prise de risques et l’établissement de relations. Les diplômés en sciences sociales et humaines sont aptes à synthétiser et à analyser des informations complexes. Ils ont tendance à être de solides communicateurs, ce qui est un atout essentiel dans le milieu de travail collaboratif d’aujourd’hui. Leur compréhension du monde dans son contexte – des cultures, des langues et des dynamiques sociales – contribue à ouvrir les portes à de nouvelles opportunités pour tous les types d’organisations.

C’est certainement l’expérience de l’entreprise canadienne Forbes Wild Foods, qui s’est appuyé sur l’expertise en anthropologie d’un étudiant de troisième cycle pour développer et renforcer sa chaîne d’approvisionnement unique. Grâce à un stage établi par Mitacs , un organisme national privé sans but lucratif qui développe des innovateurs de la prochaine génération grâce à des programmes de recherche et de formation, Forbes Wild Foods a collaboré avec Dylan Gordon, candidat au doctorat à l’Université de Toronto, pour établir des liens avec les pêcheurs dans les forêts nordiques éloignées du Canada. L’expérience a permis à Gordon d’améliorer la contribution de ses recherches. Il a aidé l’entreprise à trouver des moyens novateurs de surmonter les défis associés à l’approvisionnement en produits sauvages et, ce faisant, a donné aux pêcheurs d’aliments du Nord l’accès à des marchés urbains auparavant inexploités dans le Sud.

Les applications commerciales de ces compétences sont vastes. Les organisations embauchent des sociologues pour étudier les habitudes d’achat des consommateurs et des historiens pour donner un sens aux tendances économiques, démographiques et politiques complexes. En mettant davantage l’accent sur l’analyse des mégadonnées, les entreprises s’inspirent également des renseignements des sciences sociales et humaines pour mieux comprendre l’impact des technologies numériques, du contenu et du comportement sur la demande des consommateurs. 

Les diplômés en sciences sociales et humaines appliquent également leurs compétences au développement de nouvelles entreprises commerciales : 70 pour cent des entreprises en démarrage fondées par des étudiants et des diplômés entre 2007 et 2012 ont émergé de disciplines des sciences humaines, selon une étude des bureaux de transfert de technologie des universités et des collèges canadiens. Comme le montre le cas de Forbes Wild Foods, les entreprises canadiennes et d’autres organisations profitent grandement de leur capacité à tirer parti des compétences en sciences sociales et humaines dans leur quête d’innovation. Pour y parvenir, ce dont ils ont besoin d’abord et avant tout, c’est d’avoir accès aux talents des diplômés. Pour ce faire, il faut t’enteurer des liens plus étroits et plus collaboratifs entre l’industrie et le milieu postsecondaire et la création de nouveaux types de possibilités pour les étudiants d’appliquer leurs compétences aux défis de l’industrie.

Si les entreprises canadiennes doivent prospérer sur le marché axé sur les personnes, elles ont besoin d’employés ayant des compétences axées sur les personnes qui peuvent donner un sens aux tendances, interpréter les besoins des clients et définir les exigences en matière de produits, de services et de solutions qui contribuent à une productivité accrue et à une meilleure qualité de vie.

Les entreprises le reconnaissent déjà. Les étudiants sont prêts à mettre leurs compétences au travail. Notre défi – et notre occasion – en tant que pays est de réaliser pleinement le potentiel de rapprocher les deux.

Chad Gaffield est président du Conseil des sciences humaines du Canada, et Arvind Gupta est chef de la direction et directeur scientifique de Mitacs.

Tiré de la séance d’information sur les politiques d’innovation du Hill Times de février 2014

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