The Globe and Mail : Lorsque vous attirez des investissements étrangers, n’oubliez pas le facteur humain

Eric Bosco est chef du développement des affaires à Mitacs, un organisme national sans but lucratif qui relie la recherche de haut niveau aux besoins du secteur privé.

L’engagement du Canada à dépenser 218 millions de dollars au cours des cinq prochaines années pour attirer les investissements directs étrangers ici est une excellente nouvelle. Selon les premiers rapports, le carrefour Investir au Canada annoncé par la ministre du Commerce international de l’époque, Chrystia Freeland, fonctionnera comme un service de conciergerie à guichet unique pour les investisseurs internationaux, les aidant à naviguer dans la confusion juridictionnelle et la bureaucratie inhérentes aux relations avec les multiples ordres de gouvernement de notre pays.

Pourtant, il y a plus à convaincre les entreprises de faire des affaires au Canada que de les guider au moyen de cadres réglementaires, de taxes et de politiques. Nous devons également nous assurer qu’ils peuvent naviguer efficacement dans notre vaste écosystème d’innovation composé de chercheurs et de petites et moyennes entreprises (PME) très talentueux. Bien que l’organisme proposé soit un centre de services qui complète les politiques et les initiatives existantes, il devra fonctionner comme un « carrefour de personnes » qui relie les entreprises étrangères aux Canadiens qui sont en mesure de les aider à résoudre leurs défis.

À la lumière des récents événements survenus aux États-Unis et en Grande-Bretagne, de nombreuses entreprises internationales tournent leur attention vers le Canada et l’un de leurs défis les plus pressants est de trouver comment se connecter rapidement à notre réseau géographiquement dispersé de talents et d’innovation.

C’est là que le rôle du courtier honnête - ou du centre de personnes - est vital. Il puise dans les ressources dont les entreprises internationales ont besoin pour aider à trouver les meilleurs talents, à faire progresser la recherche et à établir des liens avec les PME locales.

Un carrefour de personnes offre une valeur intangible aux entreprises en leur permettant de bâtir un réseau canadien avant de s’engager dans un investissement potentiel important. Par exemple, j’ai récemment été approché par des cadres d’une multinationale de l’alimentation qui cherchaient à établir une division de recherche au Canada. En trouvant les bonnes personnes du côté canadien, nous avons été en mesure d’établir un mandat commun avec une université canadienne de premier plan et un nouveau gestionnaire du développement des affaires qui prospecte maintenant des possibilités de recherche à un stade précoce. Même si la société avait déjà été courtisé par les gouvernements fédéral et provinciaux, il s’agit de son premier effort concret pour faire de la recherche au Canada et d’un premier pas vers une présence à long terme ici.

L’établissement de liens avec des entreprises internationales aide également les PME canadiennes à prendre de l’expansion. Et avouons-le, le Canada est un pays de PME. Le spécialiste des réseaux Ciena, par exemple – qui a acquis Nortel en 2010 – a une riche histoire de fabrication au Canada. Mais il a depuis augmenté sa capacité de recherche grâce à des partenariats avec neuf universités de l’Ontario et du Québec et cinq PME qui bénéficient maintenant de l’exploitation de sa chaîne d’approvisionnement. Ce type d’opportunité ne se produit pas seulement avec des conseils d’investissement - c’est le centre humain qui relie les rayons.

Les PME au Canada, bien sûr, ont un rôle essentiel à jouer dans ces partenariats. Ils doivent venir à la table affamés - ils doivent être ouverts à différentes façons de faire les choses, de penser globalement et de travailler avec les centres, les gens ou autrement, pour se promouvoir.

Il y a aussi un autre rôle pour le gouvernement que nous ne pouvons pas ignorer – la nécessité d’une approche pangouvernementale, ce qui signifie qu’un groupe ne peut pas fonctionner dans le vide. Plusieurs ministères doivent y participer pour s’assurer que leur travail appuie ces efforts. Pensez à la stratégie d’immigration, à la stratégie fiscale et au programme d’innovation, pour n’en nommer que quelques-uns.

Les efforts porteront leurs fruits. Sengled Optoelectronics, basée à Shanghai, est un innovateur mondial qui intègre l’électronique à l’éclairage LED économe en énergie. Ayant besoin d’obtenir des travailleurs hautement qualifiés dans un marché concurrentiel, Sengled a établi un important site de R-D à Vancouver – où ils ont les talents universitaires locaux pour répondre à leurs besoins. La présence de l’entreprise au Canada donnera accès à un bassin de talents à la fine pointe de la technologie dans son industrie, ainsi qu’à des possibilités d’emploi pour les jeunes Canadiens. Ces nouveaux emplois sont des postes bien rémunérés et à long terme qui feront en sorte que le Canada demeure pertinent et à l’avant-garde du développement de produits de prochaine génération.

Le carrefour Investir au Canada peut offrir à ce pays une réelle occasion de briller sur la scène mondiale et de promouvoir le Canada en tant que promoteur du commerce ouvert, alors que d’autres pays adoptent une position protectionniste. Si le Carrefour et ses partenaires assument également un rôle de connecteur humain et établissent des partenariats significatifs entre les personnes et les entreprises, le rendement de notre investissement collectif sera d’autant plus élevé.

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