Rapport

Une chercheuse améliore les services aux familles aux prises avec l’agressivité

Le talent de recherche

Maude Champagne, chercheuse au doctorat à l’Université Queen’s

Le défi

Combler les lacunes en matière de services de soutien aux familles aux prises avec l’agressivité

La solution

Cerner les besoins non comblés et trouver des solutions de façon collaborative

Le résultat

Trois nouvelles innovations pour combler les lacunes et soutenir les proches aidants

Lorsqu’un sondage de routine a révélé une augmentation des comportements dangereux à la maison durant la pandémie, Maude Champagne, chercheuse à Kingston, a décidé d’agir. Sa réponse : trois nouvelles innovations destinées aux proches aidants.

De nouvelles initiatives aident les familles à faire face à la recrudescence des comportements dangereux des enfants en situation de handicap causée par la pandémie.

Un sondage de routine visant à évaluer les besoins des personnes qui ont recours aux programmes de soutien pour leurs enfants vivant avec un trouble neurodéveloppemental a révélé une conclusion surprenante qui a poussé Maude Champagne, chercheuse à l’Université Queen’s, à s’investir dans une mission.

« Nous savions au début de la pandémie que les personnes aidantes étaient épuisées, alors nous avons décidé de faire un sondage sur les services pour nous assurer que leurs besoins étaient comblés. On leur a entre autres demandé comment elles se sentaient pendant la COVID-19 », raconte Maude Champagne, qui a interrogé des familles tout au long du printemps 2020. « À notre grande surprise, l’élément le plus frappant dont les proches aidants souhaitaient parler concernait les agressions envers les membres de la famille, et leur aggravation du fait des confinements », explique-t-elle.

Contre toute attente, le sondage a montré une recrudescence des comportements dangereux à la maison durant la pandémie. Les efforts de la chercheuse pour combler les lacunes des services de soutien au Canada ont permis de créer trois innovations au profit des familles : le tout premier programme de thérapie axé sur la résistance non violente (RNV) au Canada, le premier Consortium national sur l’agression envers les parents et la famille dans l’enfance et l’adolescence (APFEA) et un nouveau programme de soutien aux familles pour l’APFEA.

Mère de cinq enfants, dont quatre vivant avec un trouble neurodéveloppemental, Maude Champagne, chercheuse au doctorat travaillant sous la supervision du professeur James Reynolds à la faculté de neuroscience de Queen’s, est on ne peut mieux placée pour comprendre les défis quotidiens auxquels sont confrontées les personnes aidantes.

Mené dans le cadre de la collaboration de la chercheuse avec le Réseau pour la santé du cerveau des enfants (RSCE) et ABLE2, un organisme sans but lucratif qui offre des services de soutien aux personnes vivant avec un handicap, le sondage a révélé une augmentation des agressions verbales et physiques au quotidien. Les membres de certaines familles ont même déclaré avoir été menacés par leur enfant avec un couteau ou un objet pointu ou encore frappés en étant au volant. Lorsqu’elles se rendaient à l’urgence pour obtenir de l’aide, les familles se faisaient souvent dire de retourner à la maison, car l’hôpital n’avait pas la capacité de prendre en charge leur enfant.

« Parfois, il n’y avait d’autre choix que d’appeler les services de protection de l’enfance pour leur demander de venir chercher l’enfant. C’est la dernière chose que les familles veulent », explique Maude Champagne. « Nous avons tout de suite compris qu’il fallait que nous fassions quelque chose. »

Ne trouvant pas de ressources pertinentes au Canada, la chercheuse s’est tournée vers d’autres pays et a découvert la RNV, une forme innovante de thérapie familiale systémique largement employée au Royaume-Uni pour gérer les comportements agressifs, violents, contrôlants et autodestructeurs chez les jeunes. Le RSCE a rapidement déployé un programme pilote et à l’automne 2020, les familles intéressées ont pu participer à une intervention sur 13 semaines.

Par la suite, Maude Champagne a noué une collaboration entre le RSCE et Adopt4Life, une association ontarienne destinée aux parents adoptifs et aux personnes aidantes, afin de financer et d’organiser un consortium national sur l’APFEA. La consultation a réuni des spécialistes de tout le Canada, y compris des personnes ayant une expérience vécue, des professeur·es, des décisionnaires politiques et des représentant·es de l’Agence de la santé publique du Canada. Elle a donné lieu à des recherches plus poussées pour cerner les défis rencontrés par les jeunes qui ont des comportements agressifs. 

Grâce à ces données supplémentaires, qui ont révélé une augmentation des troubles de santé mentale, des obstacles au sentiment d’appartenance à l’école et dans la société, des relations familiales tendues et, dans certains cas, de l’obligation pour les familles de vivre séparément, Maude Champagne travaille actuellement avec Adopt4Life pour créer de A à Z le premier programme de soutien familial sur l’APFEA en Ontario. Les parents et les tuteurs qui ont besoin d’aide peuvent accéder à ces ressources en s’inscrivant au réseau de soutien existant d’Adopt4Life : Parent2Parent.

« Nous essayons d’améliorer la qualité de vie de l’enfant et de la personne qui en prend soin, pour que l’ensemble des membres de la famille se sentent en sécurité physiquement et émotionnellement », affirme la chercheuse, qui espère voir les trois initiatives continuer à se développer.

Sa recherche révolutionnaire lui a valu le Prix Mitacs pour innovation exceptionnelle — doctorat, remis lors d’une cérémonie au Centre national des Arts à Ottawa le 22 novembre 2022. Ce prix met à l’honneur son travail visant à révéler un schéma de besoins non comblés pour les personnes aidantes dans les familles et qui joue un rôle essentiel pour rassembler différents groupes afin de trouver des solutions. Le Prix Mitacs pour innovation exceptionnelle — doctorat est décerné à une chercheuse ou un chercheur Mitacs qui s’est distingué par sa contribution exceptionnelle à l’innovation en recherche et développement au cours de son projet financé par Mitacs.

Pour Maude Champagne, le soutien de Mitacs a été crucial pour le déploiement rapide des interventions. « Souvent, ce qu’il manque dans les recherches, c’est la collaboration avec des organismes communautaires sur le terrain. C’est pourquoi cela prend souvent une décennie pour que des conclusions soient traduites en solutions.

« Comme je faisais déjà équipe avec un organisme communautaire, les gens me connaissaient, et j’ai rapidement gagné la confiance des personnes aidantes que j’ai interrogées. Si elles n’avaient pas fait le choix de s’ouvrir, ces soutiens ne seraient pas en place aujourd’hui. »


Les programmes de Mitacs sont financés par plusieurs partenaires estimés à travers le Canada. Nous remercions le gouvernement du Canada, le gouvernement de l’Alberta, le gouvernement de la Colombie-Britannique, Research Manitoba, le gouvernement du Nouveau-Brunswick, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse, le gouvernement de l’Ontario, Innovation PEI, le gouvernement du Québec, le gouvernement de la Saskatchewan, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador et le gouvernement du Yukon de nous aider à favoriser l’innovation et la croissance économique partout au pays. 

Avez-vous un défi d’affaires qui pourrait bénéficier d’une solution de recherche? Si tel est le cas, contactez Mitacs aujourd’hui pour discuter d’occasions de partenariat : BD@mitacs.ca.

L’équipe de Mitacs
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