Globe and Mail : Pourquoi le développement des compétences des jeunes doit maintenant passer à l’échelle nationale

Notre plus grande relation commerciale est sous un nuage. Notre compétitivité économique est remise en question. Même notre capacité d’expédier des ressources dans le monde est à nouveau mise à l’épreuve.

Il n’est pas étonnant que les Canadiens s’inquiètent de leur bien-être économique, même si notre économie affiche une croissance.

Face à une telle volatilité, il est temps de nous concentrer sur quelque chose que nous pouvons contrôler : aider les Canadiens à se préparer à l’économie des compétences de demain. Peu importe l’évolution du monde, la prospérité économique du Canada au cours de la prochaine décennie repose sur la puissance cérébrale de nos jeunes et sur leur état de préparation à un avenir du travail qui sera différent de tout ce que nous avons connu.
 

Près de sept millions de Canadiens âgés de 15 à 29 ans s’acquitteront de nos défis sociaux et économiques les plus critiques dans les années 2020. Et bien qu’ils se joignent à une économie forte – avec des emplois qui augmentent à mesure que les baby-boomers prennent leur retraite – il n’y a aucune certitude quant à la combinaison exacte de compétences dont ils auront besoin pour prospérer dans un avenir où l’automatisation et la technologie affectent tous les milieux de travail.

En tant que coprésidents de la Table ronde sur les entreprises et l’enseignement supérieur, nous avons tous constaté qu’une façon essentielle de favoriser ces compétences est de relier les milieux de travail et les campus grâce à des programmes intégrés au travail tels que les programmes coopératifs, les stages et les apprentissages. Le Canada a toujours été bon dans ce domaine. Maintenant, nous devons être grands.

C’est pourquoi BHER a réuni plus de deux douzaines de groupes – représentant des entreprises canadiennes et des établissements postsecondaires de toutes tailles – pour demander une stratégie nationale d’apprentissage intégré au travail et un engagement à faire en sorte que chaque étudiant postsecondaire au Canada ait la possibilité d’acquérir une expérience de travail enrichissante au moment de l’obtention de son diplôme.

L’apprentissage intégré au travail peut vraiment être un niveleur social et économique. C’est aussi une occasion qu’environ 40 % des élèves canadiens ratent.

Le gouvernement fédéral a commencé à changer cela, avec des investissements dans des programmes comme Mitacs, la Stratégie emploi jeunesse et le nouveau Programme de stages pratiques pour étudiants. Notre groupe exhorte Ottawa et les provinces à poursuivre dans cette voie afin de faire du Canada un chef de file mondial de l’apprentissage par l’expérience au cours de la prochaine décennie.

Voici ce que nous pouvons faire aujourd’hui.

Dans le cadre d’une stratégie nationale d’apprentissage intégré au travail, les gouvernements fédéral et provincial peuvent faciliter la participation des entreprises aux programmes destinés aux étudiants et partager leurs expériences et leurs points de vue avec les éducateurs. Certains petits employeurs et organismes sans but lucratif peuvent avoir besoin d’un soutien financier et administratif pour faire venir des étudiants à bord. Ils auront également besoin d’une plateforme technologique canadienne pour mettre les étudiants en contact avec des possibilités de placement.

Mais à une époque où le talent est un facteur décisif dans l’économie mondiale, chaque employeur aura besoin de nouvelles approches d’apprentissage en milieu de travail pour s’appuyer sur nos bases solides. Il n’y a pas que le recrutement et le maintien en poste qui sont en jeu. Les organisations de tous les secteurs doivent tirer parti des idées et des ambitions novatrices de notre prochaine génération – les jeunes qui voient le monde tel qu’il devrait être et qui peuvent assurer la place du Canada dans celui-ci.

Les possibilités d’apprentissage intégré au travail pour les étudiants en sciences humaines et sociales devraient être élargies. Il faudrait également offrir un soutien accru aux membres des groupes sous-représentés. Et nous devrons nous assurer que la valeur de ces placements professionnels est mesurée, comme toute autre partie d’un programme universitaire.

Au fur et à mesure que nous gagnerons du terrain, nous pouvons tirer parti de la nouvelle initiative des supergrappes fédérales, en plaçant les compétences et les jeunes au centre des grands paris du Canada sur l’agriculture, les océans, les données, l’intelligence artificielle et la fabrication de pointe. Les provinces peuvent également relever la barre de l’apprentissage par l’expérience dans leurs propres programmes d’éducation et de développement économique.

Pour être clair, cependant, ce n’est pas seulement un travail pour le gouvernement.

Nous devons encourager les employeurs et les éducateurs à considérer l’apprentissage intégré au travail comme un investissement dans leur réussite. Étant donné que 70 pour cent des employeurs interrogés par le Conseil canadien des affaires disent qu’ils attendent plus des nouveaux diplômés qu’il y a seulement cinq ans, les deux groupes doivent collaborer pour s’assurer que ce nouveau modèle d’apprentissage est intégré aux stratégies d’affaires ainsi qu’aux programmes de cours.

Mais nous n’avons pas beaucoup de temps. Ottawa et les provinces ont une rare chance de se réunir pour aider les employeurs, les éducateurs et les jeunes canadiens à se préparer pour les années 2020, en utilisant l’apprentissage intégré au travail pour développer les compétences et les aptitudes dont nous aurons tous besoin pour un avenir turbulent.

Ce que nous ferons au cours des prochaines années peut contribuer à faire du Canada un chef de file mondial de l’apprentissage intégré au travail et nous donner un système d’éducation qui n’est pas seulement adapté à l’avenir, mais aussi aux ambitions de notre pays.

 


Elizabeth Cannon est présidente et vice-chancelière de l’Université de Calgary.

Dave McKay est président et chef de la direction de la Banque Royale du Canada.

Anne Sado est présidente du George Brown College.

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