Rapport

David Naylor a raison. Les scientifiques doivent parler d’une voix unifiée.

La semaine dernière, le Dr David Naylor et un groupe d’experts ont publié leur rapport sur l’Examen des sciences fondamentales du Canada. Le rapport, commandé par le ministre Duncan l’an dernier, reconnaissait que le soutien fédéral à la recherche fondamentale s’est aplati au cours des dernières années, avec une baisse correspondante de la compétitivité globale du Canada en matière de recherche. 

Parmi les recommandations figuraient les appels à augmenter le financement des conseils subventionnaires fédéraux et de la Fondation canadienne pour l’innovation ; améliorer la coordination des organismes et des programmes de recherche financés par le gouvernement fédéral tout en assurant des méthodes d’évaluation solides ; et mieux soutenir les chercheurs en début de carrière. De plus, le rapport recommande un examen de la façon dont les fonds sont répartis entre les conseils subventionnaires et appelle à une plus grande collaboration pour fournir un soutien à long terme aux chercheurs autochtones.

Dans une très grande majorité des cas, la réaction du milieu de la recherche a été positive. Le rapport reflète en grande partie les préoccupations et les demandes que les scientifiques expriment depuis un certain nombre d’années, et il servira probablement de point de référence par rapport auquel les décisions stratégiques fédérales touchant la recherche seront mesurées dans les années à venir.

Mais c’est là que réside l’incertitude. Les recommandations ont été formulées, mais elles n’ont pas encore été mises en œuvre. Il y a toujours des considérations politiques et financières qui peuvent servir à limiter la capacité ou la volonté d’un gouvernement de mettre en œuvre les recommandations. Ceux d’entre nous qui sont engagés dans le travail politique ont également tendance à examiner et à débattre avec joie des subtilités de ces rapports, et à offrir nos opinions à quiconque se soucie de savoir pourquoi des recommandations spécifiques sont ou ne sont pas susceptibles de réussir. Et bien que le scepticisme ne soit pas une mauvaise chose, il peut saper les idées valides s’il n’apporte pas de valeur à la conversation.

À l’heure actuelle, il semble y avoir un élan pour la recherche au Canada et un gouvernement apparemment réceptif. Le Canada possède déjà un système d’enseignement postsecondaire respecté et une réputation internationale d’ouverture et de diversité. S’appuyant sur ces éléments, le gouvernement a annoncé au cours des derniers mois le bureau d’un conseiller scientifique en chef, d’une stratégie en matière de compétences mondiales, d’un centre d’investissement, de l’établissement de supergrappes et d’un soutien important à la recherche et au développement en IA. Ce sont tous des signes positifs que le gouvernement est sérieux au sujet de positionner le Canada pour qu’il soit un chef de file dans une économie du savoir concurrentielle.

Si les scientifiques (et les spécialistes des politiques) veulent que la recherche fondamentale dirigée par des chercheurs soit un facteur important dans la stratégie du gouvernement du Canada visant à renforcer la compétitivité globale de la recherche, ils devront parler d’une seule voix pour encourager la mise en œuvre des recommandations du rapport Naylor. Le Dr Naylor l’a exprimé avec emphase : « La première chose que je vais suggérer provisoirement, c’est que nous essayions d’éviter de nous engager dans une dissection sans fin du rapport. J’exhorte certains à comprendre qu’en appuyant ces recommandations en tant qu’ensemble général, sans trop ergoter sur les détails, nous sommes beaucoup plus susceptibles de voir ce rapport adopté.

Le statu quo n’est pas mauvais. Nous publions beaucoup d’articles, produisons des chercheurs de haute qualité, et nos scientifiques contribuent régulièrement à de grands projets internationaux. Mais il y a un paragraphe (p. 13) dans le rapport Naylor qui décrit le statu quo avec beaucoup d’éloquence :

Lorsque des milliards de personnes vivent dans des circonstances beaucoup moins favorables que les nôtres, le Canada ne peut excuser les contributions moyennes avec des mèmes d’autosatisfense que nous mettons au-dessus de notre poids sur une base ajustée en fonction de la population. D’ailleurs, de nombreux pays moins riches augmentent maintenant rapidement leur capacité de recherche, tandis que bon nombre de nos homologues de l’OCDE investissent massivement dans la recherche et l’innovation. Dans ce contexte d’accélération du changement et d’intensification de la concurrence, le Comité croit qu’une entreprise de recherche extra-muros de calibre mondial est essentielle au maintien du Canada en tant que société prospère et nation souveraine prospère.

Le rapport Naylor nous offre un moyen de veiller à ce que la recherche fondamentale soit reconnue comme un élément essentiel de la compétitivité de la recherche au Canada. Avec le soutien cohésif du milieu de la recherche, les perspectives de mise en œuvre sont bonnes. 

 

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Mitacs

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