Rapport

Le coin des chercheurs et chercheuses BEPSC : redéfinir la recherche; une nouvelle approche à l’égard de la création de connaissances au Canada

"... Ce mot... Je ne pense pas que cela signifie ce que vous pensez que cela signifie »
Inigo Montoya, la princesse mariée

La dernière séance plénière de la Conférence sur les politiques scientifiques canadiennes (CPSC) de cette année a été une discussion enthousiasmante sur « La science convergente : favoriser l’innovation grâce à un nouveau modèle de recherche transdisciplinaire ». Trois panélistes, Alan Bernstein, Graham Carr et Ilse Truernicht, animés par Darren Gilmour, ont discuté de la nécessité de nouveaux systèmes de recherche qui intègrent les connaissances, couvrent les disciplines et valorisent diverses expériences. Les panélistes ont identifié la convergence de la science comme étant essentielle pour résoudre des problèmes sociétaux complexes et engendrer de nouvelles technologies et de nouvelles entreprises économiques. Un appel largement tweeté a été lancé aux universités et aux principaux organismes de financement canadiens pour qu’ils mettent en place des systèmes qui favoriseront l’engagement dans toutes les disciplines. La discussion a été engageante, fructueuse et il manquait un élément essentiel.

La recherche transdisciplinaire est, par définition, tout ce que les panélistes ont décrit et, surtout, plus encore. Selon Brandt et al, dans un article de 2013 de Ecological Economics, il s’agit « d’une approche de recherche qui comprend de multiples disciplines scientifiques (interdisciplinarité) axées sur des problèmes communs et l’apport actif de praticiens de l’extérieur milieu postsecondaire." Il s’étend bien au-delà de la tour d’ivoire et implique des approches entièrement nouvelles de la génération de connaissances. La transdisciplinarité a fait l’objet d’un examen universitaire approfondi au cours de la dernière décennie pour exactement les mêmes raisons que celles mises en évidence par le panel : les problèmes sociétaux actuels - comme le changement climatique ou la résistance aux antimicrobiens - sont trop complexes pour être résolus par une seule discipline ou un seul secteur sociétal.

C’est à la fois la valeur et le défi de la recherche transdisciplinaire. Sa nature axée sur les problèmes met souvent fin au processus de recherche scientifique traditionnel. La transdisciplinarité exige des problèmes définis en collaboration, des approches méthodologiques et la production de connaissances , souvent au détriment de méthodes et de théories disciplinaires de longue date. Par exemple, ce qui peut sembler à un ingénieur civil être un simple problème d’infrastructure de protection contre les inondations peut être considéré comme le produit d’interactions humaines-nature complexes par un géographe humain, de l’élévation du niveau de la mer par un océanographe ou des normes sociales et écologiques de longue date par un détenteur de connaissances écologiques traditionnelles. Concilier ces points de vue sur le problème pour produire une seule question de recherche peut être extrêmement long et difficile.

La recherche transdisciplinaire et les méthodes de recherche connexes exigent que les chercheurs fassent preuve de souplesse et d’humilité. C’est souvent extrêmement inconfortable pour les chercheurs en discipline. C’est parce qu’il peut forcer des confrontations avec nos compréhensions de base de la vérité d’une manière rarement rencontrée lors du comptage des bactéries sur les boîtes de Pétri en laboratoire. Cela coûte du temps, de l’argent et de la patience - toutes des entités en pénurie dans les académies modernes. Il est également extrêmement gratifiant et peut établir des relations et une compréhension bien au-delà de ce qui est possible dans des approches même interdisciplinaires.

Les conclusions auxquelles est parvenu le groupe d’experts de la CSPC sont tout à fait correctes dans leurs appels à une plus grande pratique, intégration et financement de la transdiciplinarité. Cependant, ces appels bénéficieront davantage de l’intégration des idées de ceux qui pratiquent et étudient régulièrement la recherche transdisciplinaire. Cela permettra une intégration plus rapide des pratiques exemplaires transdisciplinaires. Peut-être plus important encore, cela facilitera également l’intégration de toutes les perspectives et de tous les points de vue nécessaires pour relever les défis complexes qui menacent actuellement notre existence actuelle sur cette planète.


Ce billet de blogue a été publié à Mitacs. Les points de vue ou opinions qui y sont exprimés appartiennent uniquement à l’auteur et ne représentent pas ceux de Mitacs ou des institutions ou organismes auxquels l’auteur peut être associé.

La Bourse de recherche sur la politique scientifique canadienne est rendue possible grâce à la professeure Sarah Otto, Du Département de zoologie, Université de la Colombie-Britannique ; les organismes et ministères fédéraux participants ; l’Institut des sciences, de la société et des politiques de l’Université d’Ottawa ; et le Conseil consultatif de la Bourse de recherche en politiques scientifiques de Mitacs.

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